Les Chemins de Traverse
Carrels 11C
CH - 2034 Peseux Neuchâtel

Résidence Laténium 2022 - Quelques réflexions autour du temps

Chemin de création

12 septembre 2022

Résidence Laténium 2022 - Quelques réflexions autour du temps

Flûte romaine Laténium-1
Flûte romaine Laténium-2
Flûte romaine Laténium-3
Flûte romaine Laténium-4
Flûte romaine Laténium-5
Flûte romaine Laténium-6
Flûte romaine Laténium-7
Flûte romaine Laténium-8
Flûte romaine Laténium-9
Flûte romaine Laténium-10

"Pour moi, être musicienne, c'est être orfèvre du temps. C'est jouer du temps. C'est me laisser jouer par le temps. Me laisser surprendre par lui pour mieux laisser transparaître mes émotions par des sons.

Après deux jours et demi de le résidence "Le plus vieux métier du monde" au Laténium avec Charlotte Schneider, je suis une fois de plus habitée par cette réflexion récurrente autour du temps.

Cette fois-ci, en premier à petite échelle, le temps d'une génération, celle qui me sépare de Charlotte, son regard, les étapes de sa démarche artistique qui me replongent en miroir à la jeune femme, la musicienne que j'étais à 25 ans.

Bien sûr ensuite, à une toute autre échelle, le temps que me reflètent les objets du Laténium. Au deuxième jour de résidence, nous avons avec Géraldine Delley, directrice adjointe, pu visiter un des dépôts du musée et nous avons rencontré sa chargée d'inventaire, Corinne Ramseyer. Pour moi, voir sans vitre entre lui et moi un objet de l'époque romaine (une flûte en os de mouton), c'est déjà faire un sacré voyage dans le temps. En plus avoir le droit de toucher cet objet, de l'examiner sous tous ses angles, de sentir ce qu'il me raconte, c'est tendre l'oreille vers un passé secret pour moi. Un temps appréhendé jusqu'ici par l'intermédiaire de mes professeurs d'histoire pas toujours débordants d'enthousiasme, par mes sueurs sur des versions latines, par mes visites de sites archéologiques un peu trop pierreux à mes yeux de néophyte. J'ai touché cet objet et j'en ai été touchée.

Je me suis demandée aussi pourquoi cet objet en particulier a survécu et est arrivé jusqu'à moi. Dans le projet Traces de souffle avec Alina Mnatsakanian, nous évoquons cet humour de la vie qui fait que nous sommes nous-même, ici et maintenant, malgré les péripéties de nos ancêtres, de nos peuples, de la nature qui nous entoure. Nous évoquons la fragilité de nos croisements humains, le hasard du passage du temps sur l'humain. Ici au Laténium avec Charlotte, je me confronte à ce questionnement autour des objets. Comme une matérialisation du temps."

Barbara Minder